Sensations contradictoires. D’un côté, l’ennui et le désoeuvrement se mêlent à l’envie de m’y remettre pour entamer des travaux d’approche. De l’autre, impression qu’il n’y a toujours rien, qu’il manque une idée, peut-être juste une phrase, pour commencer. Aussi, je regarde souvent les deux dernières photos de Kam et Bryer, prises à partir des images d’une caméra de surveillance. Je ne suis pas encore prêt à passer plusieurs mois en compagnie de ces deux dégénérés absurdes et à m’immiscer dans leur monde sans issue. Peut-être faut-il plus de désespoir encore pour Manitoba, peut-être renoncer à ce grand confort.


Encore à demi malade – à demi seulement, et c’est peut-être pire. Difficile de dire ce qui me ralentit ; congestion générale, maux de tête et nuits de merde. Dehors il fait chaud, mais ce n’est pas ce qui compte. Ce qui compte, c’est que la chaleur vient du dedans de moi, de mes tripes, de ma cervelle, et c’est elle qui m’assèche entièrement.


Atelier théâtre avec les élèves ; jeu avec le corps ; utiliser l’énergie naturelle du corps pour établir les règles mêmes qui lui permettront de s’exprimer. S. et H., interprétant leur propre rôle, mises en situation de réussir pour la première fois de l’année .


Approches Manitoba. S’efforcer de ne pas penser en texte, en roman, en construction. Seulement des phrases, un rythme d’où surgissent images, lieux et personnages. Au terme de ce travail d’approche, de reconnaissance, j’envisagerais de bâtir.

Je progresse dans mon énième relecture d’Absalon. Sa densité tout à la fois m’exaspère, m’inquiète et m’éblouit. Absalon est une limite possible du genre romanesque : dans cette direction, impossible d’aller plus loin.

Anniversaire d’A. et P. avec tout le groupe. Pourraient devenir mes amis. Parmi eux, A., quelque chose de touchant. Une fragilité évidente, difficulté à se positionner par rapport à autrui, et je me reconnais en lui et réciproquement peut-être.


Deux jours à Amiens. Même là, les touristes nous débusquent. Déambulons entre les canaux, hortillonnages, toutes sortes de mignonneries. Une ville où je pourrais sans doute vivre – question d’espace et de souffle. Lendemain baie de Somme : touristes pareils, heureusement pas de phoques. Puis réserve ornithologique dont le nom m’échappe. Espace à perte de vue, couleurs pastels et fantasme de peintre. Marchions tête battue par le vent, pieds dans le sable, sans rien dire, perdus dans le sans-limite d’eau d’herbe et de sable.


Glandouillé un peu et préparé les cours pour presque toute la semaine. Il y a quelque chose, dans l’appartement, dans l’air, qui me vrille (allergie ?). Vu le dernier Cronenberg, puissant délire mais intrigue décousue. B. hermétique tout le film.


Poursuite des approches Manitoba, mais la plupart du temps j’ai tellement peur d’écrire ne serait-ce qu’une phrase, et de la rater, que je sombre devant Roland Garros – fin du grand match Zverev-Alcaraz, et depuis combien de temps je n’avais pas vu un aussi beau tennis ?