Hier, avant de prendre le train pour Tours, déjeuner avec A. Évoquons Philippe Aigrain ; la tristesse aussi que son décès brutal marque la fin de quelque chose pour Publie. Nous employons tous deux, à quelques phrases d’intervalle, le mot équilibre.
Ensuite, nous délimitons l’espace actuel de la littérature bourgeoise, opposée à la littérature populaire – et je me demande, après Foster Wallace, quel est l’antonyme de divertissement. Antidote propose : ennui - ouvrage - travail.
Arrivée à Carnac en fin d’après-midi après cinq heures de voiture. Suis explosé. Recommence à dormir mal – proximité de la rentrée ?
Presque rien écrit aujourd’hui. Il devient de plus en plus évident que le manuscrit de la N.A. ne sera pas achevé dans 15 jours.
Je recommence à faire des rêves, mais ne trouve plus la force de me lever pour les écrire en pleine nuit. Au matin, ils sont en charpie. Cette nuit, un rêve troublant (ça m’agace de m’en souvenir si confusément) – difformité de C.
Nouvelle nuit pleine de rêves, mais dont je ne garde aucune trace.
Comme deux fois par an, quand je viens à Carnac pour travailler, je regarde la télé.
Trésors de RMC Découverte, dont le militarisme est stupéfiant. Qui de la Jeep ou de mon char d’assaut traversera le plus vite ce terrain marécageux ? Un peu plus tôt : une bonne bagnole est une bagnole bruyante et fluo.
Sur CNews, dites n’importe quoi, pourvu que ça soit concis et de droite. Un type jeune, le genre qui porte des mocassins à glands dit : il est légitime de s’opposer au pass sanitaire, car c’est une idée chinoise. Les français préfèrent les politiques sanitaires bien de chez nous.
Un peu plus tard : gros tas de bondieuseries, biopic de JP2, Mère Thérésa, documentaire sur Lourdes, et un ecclésiastique en plateau émettant un avis touché par la grâce sur le pass sanitaire.
Sur TF1 et France 2, avant l’heure du dîner, on rivalise de connerie pour être bien sûr que tout le monde se sente intelligent avant la pub.
Sur l’Équipe TV, récap’ de la soirée de football, mais il est interdit de parler strictement de football. Si un avis excède 10 secondes, il sera coupé par un des cinq cents jingles qui charcutent l’émission. Résultat : aucune idée de quoi on parle.
Fort Boyard pour finir. Une bimbo inconnue au bataillon clame face caméra que Dave est son idole. Ledit Dave, boudiné dans une combi néoprène, fixe un petit écran LCD les yeux dans le vague.
N.A., on y revient. Faut-il définitivement raboter les subjonctifs imparfaits ? Mais je crois que la réponse est dans la question.
Revue de télé : JT 13h de TF1 qui nous emmène au coeur d’une battue de sanglier en Corse. Casquettes orange fluo, nez couperosés, le discours c’est-nous-les-premiers-écolos. Sourire pernaultesque de Jacques Legros.
Sur RMC Découverte et RMC Story, on a passé la journée à rouler des mécaniques. Remise en état d’une vieille Porsche dont le moteur faisait « des bruits de casserole » – et à la fin de la réparation : « oh, ça un vrai bruit de Porsche ! » Sur l’autre chaine, test d’une Audi, d’une Porsche et d’une Ferrari sur une piste d’aéroport. Laquelle pourra monter au-dessus de 300km/h ?
Le soir, Macron, 20h, l’Afghanistan. Chaque mois qui passe lui donne un peu plus l’apparence de ces aristos dégénérés de la fin du 19e. L’oeil brillant, les cheveux plaqués, le teint poudré et les mêmes artifices rhétoriques usés jusqu’à la corde.
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