Les échecs, depuis un mois ou deux, deviennent une obsession. Toutes les fois que je n’observe pas un échiquier, je perds mon temps. Pour disputer des parties au cordeau, je recommence à jouer le gambit roi. J’admire les déséquilibres francs qu’il provoque, mais que je ne sais pas encore bien contrôler.

Je n’abandonne pas l’idée d’écrire un jour un roman — qui serait un page turner — représentant seulement une partie d’échecs extraordinaire. Les personnages seraient les pièces, et je n’utiliserais pas de métaphore. Il faudrait alors traduire en termes littéraires la tectonique coulante d’une partie d’échecs.

Fin du chapitre 8 de la N.A. Je m’impatiente et je m’effraye en même temps.

Rien, si ce n’est que j’acquiers progressivement le savoir-faire des mauvais professeurs : occuper l’espace et le temps sans avoir rien à proposer aux élèves — je bluffe du début à la fin.

J’imagine une balade à vélo.

Je commence à trouver une méthode pour concevoir mes cours upe2a. Il me faut un thème et quatre documents sur ce thème, faisant travailler les quatre compétences linguistiques : compréhension orale et écrite, expression orale et écrite. Ensuite, différencier les attentes autour de ces documents, afin que tous les élèves y prennent part, de ceux presque francophones à ceux qui ne savent dire que bonjour.

Toute la journée, le coeur a tapé très fort contre la poitrine.

Terminé le whisky, j’approche la fin de la N.A. Mais ça fait six mois que je le répète. C’est le paradoxe de Zénon, ce texte !

On dit, le soir sous les réverbères : ne tirons pas de plans sur la comète.

Dans le livre de Jérôme Orsoni : « Écrire, c’est dialoguer. Dialoguer avec tout le monde, avec le vide, avec le néant. C’est ne pas se résoudre à mettre un terme à la conversation. Ne pas se résoudre aux affaires, à la politique. Toutes les forces qui exigent obéissance de toi. […] Chaque jour que Dieu fait, il faut lutter contre ceux qui veulent mettre un terme à la conversation.»

Je relis Salammbô. Le luxe des détails me tue. Le plus grand livre de Flaubert, sans hésiter. Celui auquel je pensais pour la N.A. sans le savoir.

Le fantasme de vivre deux vies — ou même trois ou quatre ! — en parallèle. Ça serait trois ou quatre vies potentielles, que j’observerais comme un biologiste ses bouillons de culture, pour voir comment ça se développe. Des fois que je trouve la pénicilline.

Fin de la première récriture totale du manuscrit. Resteront encore six ou sept textes à ajouter, dont l’utilité narrative sera à peu près nulle, mais qui permettront d’accentuer la redondance des motifs du texte. Il faut que le lecteur se sente dedans comme dans une vieille chaussette.

B. me raconte l’histoire d’une de ses connaissances qui, à l’approche de son mariage, entretenait une liaison. Cet homme l’a brutalement interrompue, revenant au bercail, enfin décidé à se marier, pour la raison qu’il ne souhaitait pas ressembler à son père. Alors j’imagine le vieux type, la soixantaine, ayant collectionné ribambelle de femmes plus ou moins intelligentes, ayant connu les joies des plus puissantes libidos — mais il ne fait aucun doute aux yeux du fils que ce père-là appartient à la catégorie des ratés.