Je fais l’inventaire comme on compte à rebours de ce qui me reste à vérifier avant le décollage – mails, cours, thunes essentiellement. Une seule question : vais-je tenir supporter résister aux dix prochains mois qui viennent déjà comme un orage, que j’aperçois à l’horizon fondre sur les haubans de ma petite sérénité.
Courir. Fractionné. Quelle fréquence cardiaque maximale faut-il atteindre, doit-on s’arrêter aux premières douleurs poitrine ? Ce matin je n’ai pas osé les défier, me contentant de chercher à définir ma douleur – qu’est-ce que c’est, avoir mal au coeur ? – et m’arrêtant avant de vérifier que ç’en était une.
Decision to leave au ciné. Scénario déjà vu et des longueurs, mais vrai film de cinéma avec dix idées par plan.
Au collège, on me dit sans surprise que les travaux entamés à l’été ne seront pas achevés pour la rentrée.
Des semaines entières sans cette impression que des journées entières pleines de rien.
De Baecque, Histoire de la marche. Chronophotographie. Compagnons du Tour de France. Colporteurs et contrebandiers. Existe-t-il aujourd’hui encore des professionnels de la marche qui ne soient pas en même temps des professionnels du tourisme ?
On me raconte cette histoire de pédophilie : un type a reconnu devant la justice des attouchements sexuels sur mineur de douze ans, commis lorsqu’il en avait dix-huit. Quinze ans plus tard, suite au dépôt de plainte de la victime (qui entraînera donc ses aveux), la police retrouve dans son ordinateur des images pédopornographiques. À la suite de l’enquête, il est contraint de quitter son poste d’instituteur. Sa femme, enceinte de leur quatrième enfant, choisit de rester avec lui – lui assure que c’était une folie passagère, et selon toute vraisemblance elle le croit.
Samedi je verrai ce type ; il sera en présence d’enfants, de ses neveux et nièces, en compagnie de sa femme. Parmi les invités, certains ont connaissance, plus ou moins précisément, des faits. Les autres se débrouillent pour en savoir le moins possible. Tous, en tout état de cause, se taisent.
Pression s’accroit dans les artères. Suis encore incapable de dire le jour précis de la rentrée, un peu ailleurs, à quel moment exact je serai de nouveau les pieds plantés dans une classe, avec vingt-cinq paires d’yeux à embarquer dans un coucou bringuebalant . (Mais cette année, au moins, je serai mieux préparé, expérience, professionnalisation, il était temps, j’ai piloté assez le tas de ferraille pour savoir à quoi m’en tenir)
Cette série, Champion(s), sur FranceTV, m’émeut. Insep usine à champions, dit-on ? Usine à broyer des jeunesses aussi ; des tout-jeunes si banals, si tendres, et en même temps comment ne pas déceler en eux une part d’extraordinaire lorsqu’ils s’élancent, galipettent, boxent ? Ils ont cette faculté du mouvement parfait, la grâce alliée à la puissance qu’ils ont eue par naissance et qu’ils perfectionnent sans relâche. Je me demande à quel endroit précis de leur être réside ce mouvement parfait.
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