Nous sommes dans une chambre, décoration pâle et lourde, poussière, quelques bibelots et un grand lit. B. me présente trois hommes dont un, spécialement, que je me rappelle avoir déjà vu sans réussir à le remettre. Quelqu’un de sa grande famille, un parrain ou un oncle ? Je ne sais pas. Il a le front large, hâlé, une distinction bourgeoise un peu ridicule.

Il s’assoit sur le lit et me parle d’un texte que j’ai écrit, dont il a lu le manuscrit et qu’il s’apprête à publier – ce qui est une excellente nouvelle. Ensuite, il me tend une lettre à en-tête de la maison d’édition – je crois que je ne connais pas cette maison –, se lève et prend congé.

Je réfléchis un instant : je ne me souviens pas très bien de ce texte, je ne crois pas lui avoir déjà donné un titre, ne me rappelle ni les personnages ni les péripéties. Je ne suis même plus sûr, à vrai dire, que ce texte existe.

Sous les yeux de B., je lis la lettre qu’il m’a donnée en espérant que cela m’aidera à m’en souvenir. Malheureusement, l’écriture manuscrite de cet oncle ou parrain est illisible. Un charabia patte-de-mouché indéchiffrable, où la ligne continue du trait est secouée d’accidents infimes mais violents. Si nous parvenons tout de même à deviner les formules d’usage, les mots qui pourraient nous donner un indice sur la nature du manuscrit que j’ai écrit, et qui va être publié, nous échappent complètement.