« Chers amis Gilets Jaunes, je me présente, Dettinger Christophe, c’est moi la personne qui a affronté les CRS le samedi 5 janvier. Je voulais vous présenter les choses comme je les sens. J’ai participé aux huit actes : le premier acte j’ai fait un blocage sur la nationale à côté de chez moi ; j’ai fait toutes les manifestations du samedi sur Paris ; j’ai vu la répression qu’il y a eue, j’ai vu la police nous gazer, j’ai vu la police faire mal à des gens avec des flashball, jai vu des retraités se faire gazer, j’ai vu plein de trucs.

Moi, je suis un citoyen normal, je travaille, j’arrive à finir mes fins de mois, mais c’est compliqué. Je manifeste pour tous les retraités, le futur de mes enfants, les femmes célibataires, pour tout ce qu’on manifeste – voilà, je suis un Gilet Jaune. J’ai la colère du peuple qui est en moi. Je vois tous ces présidents, je vois tous ces ministres, je vois tout l’État se gaver, nous pomper, ils ne sont même pas capables de montrer l’exemple. Ils ne montrent pas l’exemple, ils se gavent sur notre dos, c’est toujours nous les petits qui payons, voilà !

Moi, quand j’entends les gueux, quand j’entends les sans-dents, moi je me sens concerné, parce que je suis français, je suis fier d’être français. Je ne suis pas d’extrême gauche, je ne suis pas d’extrême droite. Je suis un citoyen lambda. Je suis français, j’aime mon pays, j’aime ma patrie, j’aime tout ! Maintenant, c’est sûr qu’à force de se faire taper, de se faire taper, de se faire taper, eh bien oui je me suis fait gazer le dernier jour, oui j’ai voulu avancer sur les CRS, je me suis fait gazer avec mon ami, ma femme, je me suis fait gazer, et à un moment la colère est montée en moi, et, oui, j’ai mal réagi – mais je me suis défendu et… voilà.

Je voulais vous dire ça. Demain matin je me rends en garde-à-vue, si ils ne m’ont pas chopés avant, je n’espère pas. Peuple français, Gilets Jaunes, je suis de tout coeur avec vous. Il faut continuer, pacifiquement, mais il faut continuer le combat, s’il vous plaît, s’il vous plaît. »