Dernière journée à Skafidia. C’est un fantôme que je côtoie, qui se réveille en bredouillant quelques mots de grec et qui termine longuement sa nuit en regardant les retransmissions des matchs de football. Ce soir, je lui dirai demain je pars — comment réagira-t-il ?

Hier, deux types plus jeunes que moi se sont présentés à la ferme tandis que Vassilis s’était absenté. Ils ne parlaient pas un mot d’anglais, ils voulaient quelque chose. Je leur ai fait comprendre de repasser plus tard, et, en partant, ils ont dérobé la batterie du tracteur… Pendant qu’ils filaient, j’ai eu le temps de noter le numéro d’immatriculation de leur pick-up, mais Vassilis, une fois mis au courant, ne m’a pas semblé décidé à aller voir les flics. Je crois que ce genre de problème, par ici, on les règle autrement.

« — Nausikaa, pourquoi ta mère t’a-t-elle enfantée si négligente ? En effet, tes belles robes gisent négligées, et tes noces approchent où il te faudra revêtir les plus belles et en offrir à ceux qui te conduiront. La bonne renommée, parmi les hommes, vient des beaux vêtements, et le père, et la mère vénérables s’en réjouissent. Allons donc laver tes robes, au premier lever du jour, et je te suivrai et je t’aiderai, afin que nous finissions promptement, car tu ne seras plus longtemps vierge. »

Odyssée, Homère, traduction Leconte de Lisle, 1868

« La littérature est en germe dans toute situation dont on s’est détaché afin de se la mieux représenter. »

La cécité d’Homère, Pierre Bergounioux, Circé, 1998