Je suis à Pontivy avec mon frère et mes parents, dans la voiture familiale. À mes pieds, le sac de randonnée que je viens d’acheter. Il est de couleur bleu, si pratique avec ses poches innombrables, ses sangles de réglage si bien fichues : impression que je dispose d’un matériel de pointe.
J’ai en effet besoin d’un matériel de pointe pour mes escapades inaccessibles au commun des mortels. Sur le rabat supérieur, il y a la marque, Osprey. Je la regarde et je suis fier d’appartenir à la communauté de ceux qui ont besoin d’un matériel haut de gamme, où chaque fermeture Éclair, chaque sangle, chaque scratch est doté d’une technologie innovante désignée par un nom anglais suivi d’un trademark, ou copyright, etc.
Pour une raison que j’ignore, mon frère et moi sortons de la voiture et commençons à marcher. Une randonnée ? Mais nous sommes à Pontivy, sur le parking de la Plaine… Et je ne sais pas non plus pourquoi c’est mon frère qui porte mon nouveau sac sur ses épaules. Il marche à une dizaine de mètres devant moi et je ne fixe mon regard que sur le sac, fasciné, à l’endroit où le nom de la marque est cousu sur le rabat.
Je me rapproche et constate que le sac est beaucoup moins beau qu’il me semblait au moment de l’achat. Il bâille un peu, les sangles trainent et les poches sont distendues. Je suis tout près maintenant et je réalise que non, ce n’est pas un sac Osprey tout neuf, mais un vieux Quechua d’occasion, semblable en tous points à celui que j’avais auparavant (ce n’est pourtant pas le même sac, j’en suis sûr). Ce sac ne me convient pas, mais alors pas du tout ! Je me rapproche encore de mon frère…
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