Arrivée à La Ciudad de Guatemala, mais je me perds très vite, la nuit, dans les grandes avenues de la ville. Des gens me prennent en charge, essayent de me guider et de m’expliquer des choses, mais je n’écoute pas. J’ai troqué mon smartphone contre un téléphone à clapet sur lequel le numéro de B. n’est pas enregistré. Les gens m’indiquent des endroits où dormir, mais je n’ai qu’une chose en tête : joindre B. pour lui dire où je suis afin qu’elle me rejoigne. Dieu sait ce qu’elle fait, à l’autre bout de la ville ; peut-être est-elle aussi perdue que moi. Je dis aux gens qui veulent m’aider que, s’ils la croisent, elle doit m’appeler à ce numéro, que je griffonne sur un morceau de papier, mais mon écriture est illisible.
Un type insiste plus que les autres pour m’aider à trouver une chambre. Brun, cheveux courts, épaules sportives. « Tu as dit que je pouvais dormir où ? » lui fais-je répéter. Il s’agace : « ça fait une heure que je te le dis ! » Il épelle le nom de l’endroit, mais je ne fais pas attention. « C’est facile, poursuit-il. Quand tu y seras, il te suffira de passer des entretiens pour convaincre les gens de t’héberger. Le truc, c’est de passer le plus d’entretiens possible pour maximiser tes chances. Suis-moi ! »
Je l’accompagne – nous sommes en voiture, ou peut-être à pied – et reconnais assez vite la rue Salvador Allende, à Pontivy, qui mène à la maison de mon enfance. Soudain, je comprends : « on va à Sainte Trephine ? (c’est un terrain de foot à la sortie de Pontivy)
– Oui, les sportifs qui sont là-bas pourront t’aider.
– Mais c’est tout près de chez mes parents, ça. Le plus simple, c’est encore que je dorme chez eux. »
Confusément, j’ai conscience en le lui disant de renoncer à quelque chose. Il le sent, et appuie où ça fait mal : « Tu sais, c’est pas comme ça que tu vas t’intégrer au Guatemala… »
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