Y sé muy bien que no estarás. No estarás en la calle, en el murmullo que brota de noche de los postes de alumbrado, ni en el gesto de elegir el menú, ni en la sonrisa que alivia los completos en los subtes, ni en los libros prestados ni en el hasta mañana.
No estarás en mis sueños, en el destino original de mis palabras, ni en una cifra telefónica estarás o en el color de un par de guantes o una blusa. Me enojaré, amor mío, sin que sea por ti, y compraré bombones pero no para ti, me pararé en la esquina a la que no vendrás, y diré las palabras que se dicen y comeré las cosas que se comen y soñaré los sueños que se sueñan y sé muy bien que no estarás, ni aquí adentro, la cárcel donde aún te retengo, ni allí afuera, ese río de calles y de puentes. No estarás para nada, no serás ni recuerdo, y cuando piense en ti pensaré un pensamiento que oscuramente trata de acordarse de ti. |
Et je sais très bien que tu ne seras pas. Tu ne seras pas dans la rue, dans le murmure qui jaillit de la nuit des réverbères, ni dans le geste de choisir le menu, ni dans le sourire qui soulage les rames bondées dans les métros, ni dans les livres prêtés ni dans l’à demain.
Tu ne seras pas dans mes rêves, dans la destinée originale de mes mots, ni ne seras dans un numéro de téléphone, ou dans la couleur d’une paire de gants ou d’une blouse. Je m’énerverai, mon amour, sans que ça soit de ta faute, et j’achèterai des bonbons mais pas pour toi, je m’arrêterai à l’angle de la rue où tu ne viendras pas et je dirai les mots qui se disent et mangerai les choses qui se mangent et rêverai les rêves qui se rêvent et je sais très bien que tu ne seras pas, ni ici dedans, la prison où je te retiens encore, ni là-bas dehors, ce flot de rues et de ponts. Tu ne seras plus nulle part, ni même un souvenir, et quand je penserai à toi je penserai une pensée qui obscurément essaye de s’accorder à toi. |
in Salvo el crepúsculo, 1984
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