C’est en montagne, à des kilomètres de toute civilisation. On dirait une jungle. Je fais une randonnée, mais cela ressemble davantage à une exploration, vraiment aventureuse et pourquoi pas dangereuse. À la jumelle, entre les vallons, j’aperçois deux équipes de rugbymen disputer un match d’entrainement. En noir, les All Blacks, qui portent le maillot à la fougère. En ciel et blanc, une équipe amateur qui est peut-être la section rugby de l’Olympique de Marseille.
Parmi les joueurs All Blacks, deux sont immenses — presque trois mètres de haut — et obèses. Ils sont trop gros pour courir et touchent rarement la balle, mais leur présence physique m’impressionne.
J’en viens à participer à l’entraînement. Je ne suis pas très bon, mais il me reste des réflexes de mes années de rugbyman. Je suis surtout très volontaire ; je cours dans tous les sens de manière désordonnée. Je crois que je joue à la fois pour les Blacks et à la fois pour l’OM. L’un des deux géants Black s’appelle Francis, c’est son nom de famille.
Je prends quelques placages bien appuyés sans jamais parvenir à gagner de terrain. Je perds la balle à chaque fois. Un Marseillais, aussi mince que moi, toutefois plus grand et plus sportif, me plaque une dernière fois et je subis tant la collision que je perds cinq ou six mètres. Cette fois, je parviens à libérer proprement le ballon pour un coéquipier (un Black ? Francis ?). Hélas, l’arbitre signale un en-avant. Cela me semble litigieux, mais les autres n’y trouvent rien à redire. Ça serait de ma faute. Je trouve cela injuste et proteste avec véhémence. Mais mes coéquipiers et mes adversaires n’apprécient pas mon attitude et me font signe de me calmer. L’arbitre vient me voir et me prévient qu’au rugby on ne proteste pas. Si je récidive…
Le match reprend, mais je reste très agacé.
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