il faut pour y monter laisser la voiture à quelques kilomètres et gravir à pied la pente rocailleuse. Un lac s’est formé là-haut, à deux mille sept et quelques dans le cratère, au sommet du volcan. Laguna Chikabal, Lagunita Chikabal, minuscule plan d’eau claire cernée de jungle. Lieu sacré pour les Mam qui viennent y faire leurs offrandes. En descendant dans le cratère, une brume épaisse se forme ; on ne voit plus que les couleurs vives des fleurs laissées là pour les cérémonies, au milieu du bleu terne, presque gris, qui enveloppe toute la vie. Des gens sont là, en famille, discrets, à genoux. Je suppose qu’on veille les morts et qu’on espère la pluie, qu’on remercie les nahuals et les créatures tapies au fond de l’eau – et à quelles profondeurs se trouvent-ils, les créatures, les mythes, les croyances, tout le grand syncrétisme ? Et à quelles profondeurs pourrait-on trouver le coeur du volcan, où la lave se mêle à l’eau dans un grand bouillonnement d’écume ? Ici, on ne se baigne pas, on observe. On n’est pas chez nous, on espère qu’on ne nous verra même pas. À l’autre bout de la lagune, des gens disent des paroles étranges ; on entend leurs voix qui résonnent doucement d’une rive à l’autre. Se taire, laisser venir la brume. Comprendre qu’on est à la fois très haut et très bas en profondeur
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